New-York -> Chicago 19-20 Février 2008
Trop dur d’écrire mes impressions en live !
J’ai tellement envie d’aller voir dans les autres parties du train… enfin, si je peux : le contrôleur de ma voiture veille ! J’ai bien tenté d’aller à la porte avant le départ, mais il m’a gentiment dit que je ne pouvais pas rester là car c’était trop dangereux. Un flash de mes voyages en train à travers l’Inde m’a parcouru l’esprit… assis durant des heures sur les marches avec la porte ouverte face au spectacle des rizières et des interminables champs. Quand est-ce que j’y retourne ?!
« Tu verras, les trains américains n’ont absolument rien à voir avec les européens » Apparemment les retards sont fréquents, les vitesses sont lentes et les horaires ne sont pas vraiment pratique.
Le temps de frapper ces quelques lignes et déjà un agent passe pour les réservation pour le dîner : il veut savoir si l’on veut manger… et à quelle heure. C’est pas la classe, ça !
A voir la place immense pour étendre ses jambes (du jamais vu, et c’est un fils de cheminot qui le dit !), le repose pied réglable, le repose jambes idéal et l’inclinaison réglable du siège, on comprend qu’en effet, les Amtrak ne sont pas semblable à nos chers trains, et notamment aux TGV !
Autre détail de taille : tous les sièges sont dans le sens de la marche : il fallait y penser. Seul mon ex-collègue Joël, qui aimait dire que la vue en marche arrière est plus intéressante, n’apprécierait certainement pas cette ingénieuse disposition. Soit disant qu’on verrait plus de choses et avec plus de recul en marche arrière… Faites l’expérience ; pour ma part je n’ai jamais été convaincu.
De grosses villas bourgeoises commencent à remplacer les immenses buildings New-yorkais, la sortie de l’agglomération serait-elle proche après 35 minutes de train ?
Il est temps de suivre le même chemin que les quelques autres voyageurs ont déjà emprunté : celui du café ! J’espère que la vue sur la rivière que nous longeons depuis le début sera aussi belle…
De retour un café dans une main, une bouteille d’eau dans l’autre. Ouf : on trouve autre chose que du coca ! Joël sera rassuré d’apprendre que dans la voiture bar on peut s’asseoir en sens inverse… A votre avis, de quel côté me suis-je assis ? C’était pas si mal !
Le soleil commence à tomber doucement et les délicieuses couleurs orange se marient bien avec les quelques nuages gris foncés, le tout donnant un spectacle assez agréable pour débuter ce voyage. La lune quant à elle est bientôt pleine. J’ose espérer qu’elle se montrera cette nuit.
Il fait maintenant nuit noire. Deuxième arrêt : Nous sommes à Albany. Le premier arrêt fût beaucoup plus bref et n’avait d’autre but que de prendre de nouveaux passagers. Ici c’est plus sérieux puisque des gens sont descendus. C’est la première fois que je vois les américains se soucier des économies d’énergie ; à peine le train fût-il à l’arrêt que nous avons été plongés dans le noir.
Une seule porte donnant sur le quai est ouverte par l’agent de service. Pause cigarette pour les uns, décontraction au grand air pour les autres… le stationnement sur le quai ne s’éternise pas dans ce froid glacial ! Cette courte pause fût quand même l’occasion de quelques échanges avec des jeunes voyageurs bien sympas. Pratiquement tous découvrent les joies du voyage en train. Tous sont envieux lorsque je parle de la France, ce pays qui fait envie ! Toutefois l’un d’entre eux, à l’allure plutôt cool, préfèrerait visiter Amsterdam…
Voilà progressivement les nouveaux passagers qui arrivent. La voiture commence à se remplir… toujours dans le noir, quelle drôle d’ambiance !
Et voilà que dans un tourbillon la neige fait son apparition. Je n’ai pas rêvé : il fait vraiment froid.
La lumière revient. Je découvre mon nouveau voisin, chevelu et barbu, avec comme tout bon américain, un grand gobelet qui doit certainement contenir une boisson chaude, comme l’indique cette petite protection en carton empêchant de se brûler les doigts.
Nous sommes toujours à l’arrêt. En quelques minutes la neige a recouvert le quai d’un fin voile blanc. Le grand nord commence à se faire sentir… Ma « grande aventure ferroviaire » commence bien. Enfin, ce sera encore mieux quand notre paquebot aura redémarré, bien que je profite de ce moment pour écouter les conversations téléphoniques de mes voisins… « How was your day ? » … and bla bla bla.. J’avoue ne pas encore tout comprendre « fluently ». Cela me rappelle que je dois travailler mes leçons d’anglais. C’est une des activités sérieuses que je me suis programmé, avec la lecture de 2 romans que l’on m’a prêté (in English of course !). Les autres passe-temps sont gravés sur mon disque dur avec un point avi derrière ; ces quelques films, téléchargés (illégalement car il est encore impossible de télécharger légalement avec un mac,) ou copiés (est-ce plus légal ?) devraient me permettre de tenir au moins une bonne dizaine d’heures. J’ai entre autres le célèbre Lawrence of Arabie qui dure plus de 3h.30… je ne sais pas si la lenteur du train m’encouragera à me plonger dans une si longue histoire. Au passage, autre détail intéressant dans cet Amtrak : la prise électrique à ma place ! Il faudrait peut-être que je la teste avant de vider toute ma batterie, mais très honnêtement je serais étonné que l’électricité puisse manquer dans cet énergique pays !
7:05pm, le train redémarre. Je n’étais pas sûr d’avoir compris ce que m’avait dit le contrôleur sur le quai une demi-heure plus tôt « siveune oh faïve pi aime » Je pensais que ça faisait bien tard, mais c’était finalement juste !
J’ai l’impression que tout le territoire américain doit être couvert pour les téléphone mobiles du haut des tours aux plus profonds sous sols… mon voisin de derrière va pouvoir converser toute la nuit, parti comme il est !
Petite allure dans une petite agglo. Les enseignes sont les mêmes qu’ailleurs : Dooking Donuts, Home Depot… Ah non, tient : Albany RV, un vendeur d’immenses camping car avec un nom bien local.
Je comprends que le responsable de la voiture et le contrôleur ne sont pas les mêmes. D’ailleurs, une partie de l’équipe de bord à changé, sauf notre agent d’accueil qui s’efforce à trouver des places côte à côte pour les personnes voyageant ensemble. C’est lui qui passe le premier, qui demande à chacun quelle est sa destination dont il écrit les trois premières lettres sur un petit carton vert. Il glisse ce dernier à l’envers au dessus du siège, sous le porte bagage. Un petit détail qui indique au contrôleur que le voyageur doit lui présenter son billet. C’est bon à savoir si vous montez en route sans billet : retournez vite votre carton ! Désolé, j’ai encore quelques réflexes bien français qui ressortent… Les gens ne sont pas comme ça ici. Soit ils sont sages et bien élevés, soit ils utilisent des armes !
Il va bientôt être l’heure de me rendre au restaurant… ça tombe bien, je commence à avoir fin (malgré les bons gros cookies au chocolat, avec pépites, que j’ai savouré il y a quelques dizaines de minutes…). Pas le temps de me mettre à mes leçons d’anglais maintenant. Vivent les bonnes excuses pour toujours remettre à plus tard ce que l’on aurait temps voulu avoir fait plus tôt.
La lune refait son apparition. J’en déduis qu’il ne doit plus neiger. Pas évident à voir ça de nuit à travers les vitres teintées.
Retour de la salle restaurant après un dîner qui ne m’aura pas fait progresser en anglais, puisqu’un couple de québécois est venu s’installer à ma table ! Toujours aussi sympa ces gens du Nord à l’accent si bizarre… Je me suis laissé tenté par le Chicken & rice sans avoir fait attention qu’il était également accompagné de maïs chaud… pas mal en fait ! Le petit verre de rouge chilien et l’Ice cream Hagen Dass au chocolat m’ont bien plu. Il faut bien que je teste tous les items de la carte, isnt’it ?!
Mes compagnons de dîner ont rejoint leur petite chambre couchette. Ils ont l’air assez satisfait du confort. Je prends la direction inverse pour retourner dans ma coach class. Attention à la neige sur le chemin : entre deux voitures, il fait un froid glacial et la neige en profite pour se glisser entre les joints pour se rependre sur le sol en ferraille..
Le ventre bien rempli, il est temps de faire une petite sieste.
Aussitôt dit, le train s’arrête. « Is it a smoke stop ? ». Les fumeurs s’activent malgré l’absence d’annonce officielle indiquant aux accros de se tenir prêts. Ils ont dû être refoulés car les voilà de retour aussitôt ! Le train est pourtant encore à l’arrêt, mais le règlement ne doit pas autoriser de cigarette à cet endroit précis.
J’entends le klaxon de la loco. C’est étonnant comme il ressemble à ceux des trains indiens. En revanche, pas encore vu d’homme faisant leur besoins sur les voies ferrées comme dans la banlieue de Dehli.
C’est reparti. Par la fenêtre on aperçoit une petite gare. Tiens, quelque chose de petit dans ce pays !
Bon, je n’avais pas une sieste à faire moi ?!
Le calme s’installant petit à petit dans le wagon, on commence à entendre des ronflements. Cet indicateur me fait réaliser que l’insonorisation des voitures est plutôt bonne par rapport à nos bons vieux autorails. Malgré ce confort relatif, pas évident de trouver le sommeil. J’ai tenté sans succès de négocier un oreiller supplémentaire. Heureusement que mon cher voisin barbu m’a proposé le sien. Je commence à me dire que le voyage jusqu’à San Francisco va être long et certainement un peu douloureux pour mon dos qui commence à vieillir !
2:05 Arrêt à Erie. Seul arrêt en Pennsylvania. Rien à voir à part la neige qui tourbillonne.
La neige s’est de plus en plus infiltrée à travers les joints dans le passage menant au dernier wagon. Heureusement qu’il est fermé car avec le froid, elle s’est collée du sol au plafond… pas mal… je ne peux m’empêcher de prendre une photo !
2:37 Le paysage qui défile dans la nuit et sous la neige me berce… tout en me tenant éveillé.
7:24 Il fait jour. Je crois que j’ai dormi !
Un message nous informe que la voiture restaurant est ouverte pour le Breakfast. Je choisi de prendre un café et un délicieux muffin Apple Spices à emporter, comme ça je peux y associer quelques carreaux de chocolat noir à l’orange que j’avais pris le soin de glisser dans mon sac.
Je réalise que nous roulons avec un retard de plus de ¾ d’heures. Le paysage gris est assez fade avec des champs, de petites villes chacune bordées d’usines, d’entrepôts et de lotissements dont la monotonie est déconcertante. Pour autant, je n’ai pas encore trouvé le temps long. Je n’ai pas eu le temps d’ouvrir mon roman en anglais, ni même mon livre d’english lessons, c’est dire !
J’observe avec amusement les relations entre les voyageurs. Un couple s’est formé dans la nuit. J’ai analysé la tactique d’approche de l’américaine farouche qui avait pris place à côté du charmant américain seulement quelques dizaines de minutes après le départ de New York. Souriante et très tactile, elle a su le séduire ; déjà lors du repas dans la voiture restaurant elle ne pouvait se retenir de lui caresser le dos… C’est donc logiquement qu’ils ont passé la nuit lovés l’un contre l’autre. Ah, que c’est beau les voyages !
Ce matin l’ambiance est calme. Le soleil fait quelques apparitions mais je la neige reprend toujours le dessus. Qui des deux va gagner à l’arrivée ? Dans tous les cas je sais que la température sera inférieure à 0°C. Quoi de plus normal à ces latitudes en plein hiver !
Petite toilette de voyage dans la petite cabine à l’aide de petites lingettes. J’adore l’odeur de leur savon à l’amande… On le mangerait ! Je me sens tout de même bien moins poisseux que sous la chaleur de l’Asie.
9:55 Nous devrions être arrivés depuis dix minutes. L’agglomération ne doit plus être très loin à voir les énormes poteaux électriques fièrement dressés dans un champ de neige. Je vais commencer à rassembler mes affaires. Décidemment pas le temps de travailler mes cours d’anglais, ni de réfléchir à la question fondamentale de Martine avant mon départ : « Pourquoi vivre seul ? ». La réponse à cette question ne pouvant se résumer en une phrase, elle m’a suggéré d’y réfléchir durant ce long trip ferroviaire… why not si j’ai le temps !
A suivre…
1 commentaire:
En effet pourquoi ? alors que l'on est si bavard !
Bon voyage !
Bisous !
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