23-24-25 Février 2008
Me voilà de nouveau dans un train. Après 3 jours de déambulation dans les rues de Chicago j’ai retrouvé le confort des Amtrak. Cette fois-ci, j’ai pris de la hauteur. Le train ressemble plus à un énorme paquebot comme ceux que l’ont voit transiter à Niolon, cette adorable petite calanque près de Marseille (Thierry ne dira pas le contraire). L’embarquement ressemble quant à lui à celui d’un avion. Check des tickets. Attente dans une salle. Retard. Puis enfin ouverture de la petite barrière… l’excitation est proche de celle ressentie la première fois que j’ai pris l’avion ! Je suis dans les premiers à atteindre notre gros navire ; idéal pour choisir une place à la fenêtre, avec du recul et si possible propre pour les photos. Parfait : je trouve la place qu’il me faut. Un message nous informe que le train va être presque complet dans quelques arrêts. On nous demande de ne pas nous étaler sur les places voisines. Alors cela, ça ne va pas être facile ! Par chance je constate que le repose jambes du siège côté couloir est manquant. Je m’empresse de le signaler au contrôleur. C’est ainsi qu’un petit papier signalant le problème va m’assurer ma tranquillité et me permettre de prendre toutes mes aises… Tout commence très bien !
Avant de démarrer avec une heure de retard, nous faisons connaissance avec les voisins. Je suis le seul de ce côté du wagon à aller jusqu’au bout. Deux américains d’origine mexicaine voyagent pour retrouver de la famille. L’un d’entre eux a peur de l’avion et n’aime pas le bus, voilà deux bonnes raisons pour voyager en train ! Un jeune, américain aussi, qui va faire du snowboard vers Denver et un anglais en vacances.
Nous nous trouvons dans la dernière voiture. Que rêver de mieux pour prendre des photos et faire de petites vidéos à travers la fenêtre donnant sur la voie ! L’anglais est un photographe amateur. Il est à la fenêtre d’en face. Peut-être échangerons nous nos photos à la fin ?!
Au bout de quelques dizaines de minutes, je ne peux résister à la tentation d’aller visiter cette fameuse voiture au toit vitré. Quel spectacle ! Je me vois déjà dans les Rocky mountains… Cette voiture est fabuleuse. Le bar se trouve en dessous. Des sièges sont disposés face aux fenêtres : le top !
On discute un peu plus avec le jeune américain qui, les larmes aux yeux, m’informe qu’il s’est fait voler toutes ses affaires à la gare de Chicago alors qu’il dormait. Le plus triste, c’est qu’il fait se voyage pour changer de vie après sa rupture avec sa copine qui a eu du mal à supporter la perte de son bébé avant terme. Sympa comme entrée en matière. Et à part ça ? Tu fais quoi de beau dans la vie ? Je peux tout faire. Je suis sûr que je trouverais du boulot là-bas, it’s easy…
L’anglais quant à lui annonce avec un grand sourire et un air totalement soulagé qu’il est divorcé ! Pourquoi est-il si heureux ? Et bien grâce au divorce ils ont vendu la maison il y deux ans et depuis il voyage dès qu’il peut et réalise tous ses rêves… Actuellement il débute un trip de plus de 10 semaines qui va l’amener en Argentine et jusqu’à l’Antarctique. Il était en Arctique au printemps, alors il veut voir ce qu’il se passe de l’autre côté ! Je crois que l’on va bien s’entendre…
Pendant que nous bavardons, le paysage campagnard s’étale devant nous sous un généreux soleil. Le froid a également sa place ici à en croire l’aspect glacé de la petite couche de neige délicatement répandue sur les champs. Le paysage est loin d’être bocager. Nous sommes clairement face à des open fields. Merci encore à Corinne pour sa leçon en terre normande (qui date maintenant !).
J’adore la position en duplex qui donne une vue splendide. Je pense que la hauteur du train est supérieure à nos Tgv à deux étages. En fait, je crois que je commence à m’habituer à voir que tout est plus grand ici.
Après un beau couché de soleil, la nuit a pris le relais, dans un grand ciel forcément ! Mon voisin et moi avons posé – enfin – nos appareils photos.
Lune Orange. Ca plairait à notre amie l’adoratrice de l’ex-futur-probable-3ème homme !
Je peine à imaginer que je traverse l’Amérique du Nord. Ce soir, à table avec Mike & Nadine (prononcer « naidine ») je suis rassuré : le paysage que nous ne voyons pas cette nuit n’a rien d’extraordinaire puisqu’il ne s’agit que de grands champs et de fermes (certainement grandes elles aussi évidemment). Malgré la nuit, je parie que ce sont des open fields ! Je résiste – un peu – à la tentation de vous dresser le portrait de se couple recomposé très cool. Elle n’avait jamais repris le train depuis qu’elle était toute petite, malgré ses nombreux voyages un peu partout (Inde, Népal, Nord de l’Afrique, Europe). C’est incroyable. Je pense que je peux traverser tous les pays du monde avec les rencontres faites à bord des trains et dans les auberges. Je me régale ! Lui, ingénieur chez John Deere (vous savez, les gros engins verts qui se promènent dans les champs) ne semble pas du tout branché par un séjour en Inde, pays pauvre et sale… après tout, chacun son truc ! Ils partent pour une semaine de ski dans un « Resort » au sud de Denver dans les Rocheuses. Il a l’air vraiment passionné au point d’avoir un paire de ski spéciale pour les sapins, une autre pour la poudreuse profonde, et une autre pour le reste… J’avoue que tout cela me donne bien envie de skier, mais je pense qu’on ne peut pas tout faire…! Très vite nous parlons du Grand Canyon et l’idée du ski disparaît aussitôt. Il me donne des conseils et des adresses pour descendre à l’intérieur du Canyon. Ca semble pas mal du tout ce petit coin.
Une annonce. On nous rappelle de ne pas oublier de changer d’heure. Nous reculons d’une heure. Heure d’hiver ? Heure d’été ? Ne cherchons pas à comprendre. C’est bien l’hiver car on aperçoit encore de la neige lorsque des réverbères l’éclaire. En tout cas cette fois ci je ne me ferais pas avoir comme lors de mon arrivée à Chicago où je pensais que nous avions plus d’une heure de retard (cf. épisode #1). Un autre changement aura lieu avant la côte Ouest pour atteindre 3 heures de décalage avec l’Est, soit 9 heures avec l’Europe. J’ai compris il y a peu la raison pour laquelle l’heure est annoncée avec une précision de fuseau sur les grandes chaînes de télé. Par exemple : E.T. veut dire East Time et non Téléphone Maison (sinon ce serait T.M. pardi !).
En tant français que chanceux, je persiste à dire que j’ai une chance de coq ! La lune est pratiquement pleine. Le ciel est dégagé. Même la nuit il y a des choses à voir par la fenêtre…
Quelques arrêts en rase campagne. Quelques petites villes qui surgissent de nul part. Et bientôt l’aube qui apparaît derrière nous. Je ne peux plus rester en place même s’il n’est que 5 heures et demi, heure locale !
Direction le lounge et ses baies vitrées. La plupart des gens dorment encore alors que la couleur rouge orangée éclaire la campagne désertique. Le train dérange plusieurs familles de biches qui se mettent à courir sous nos yeux. Quel beau dimanche matin !
Denver. Ville située au pied de la montagne. On la devine au loin après des dizaines (centaines) de kilomètres de plaines. Arrivée en marche arrière dans cette étrange gare où nous attendent des laveurs de vitre, des tuyaux pour remplir les réservoirs ainsi qu’un camion citerne chargé du précieux fuel dont on aura tant besoin pour grimper les côtes. Par moment on a du mal à croire qu’on est aux Etats Unis, tant certaines choses paraissent archaïques : Quand le contrôleur descend sur les voix pour changer les aiguillages afin d’arriver sur le bon quai, son collège ayant ouvert la porte arrière et guidant le conducteur à l’aide de son talkie walkie. Heureusement qu’il ne fait pas trop froid. Finalement ça ne fait pas de mal un peu d’air pour enlever l’odeur de la nuit ; je ne sais pas combien de paires de pieds ont dormi ici, mais ils se sont bien fait sentir. Les miens, bien évidemment, ont activement participé à ce collectif !
Nous apprenons que nous avons déjà 2 heures de retard sur l’horaire normal. Il est fort probable que nous prenions davantage de retard en montagne à cause de l’importante couche de neige qui devrait nous ralentir. Mais notre agent de bord me rassure, je vais adorer le paysage et tous les animaux sauvages que je vais voir, y compris des ours et des aigles… Je vais tâcher d’ouvrir l’œil !
Petite toilette avant les montagnes. Je profite du dressing room, normalement réservé aux Women, mais je ne vois pas pourquoi les hommes devraient se changer dans les minuscules toilettes !
Me voilà rafraîchi et changé. Ca fait du bien. Le train attaque la montée et nous commençons à voir les quelques buildings de Denver se détacher au fond de la vallée. Les roches sont de plus en plus rouge. Il y a un peu de neige et le soleil semble vouloir nous suivre, malheureusement accompagné de nuages… Les premiers tunnels, les premiers grands virages impressionnants, les premiers gros rochers, et au loin d’autres montagnes qui semblent prises au piège dans les nuages. J’espère que nous n’allons pas dans cette direction !
La région est vraiment désertique. On se demande comment ils ont fait pour construire une voie ferrée dans un tel décor. Oh, un barrage au loin ! Une route et quelques constructions au détour d’un virage. Pas de vie. Le ruisseau est complètement gelé. On grimpe toujours ! J’apprécie vraiment de pouvoir taper sur mon clavier tout en regardant le paysage confortablement installé dans un siège face à la fenêtre… Mais mon livre de leçons d’anglais attend toujours que je m’occupe de lui : je ne l’ai pas ouvert depuis New York ! Dur dur d’avoir toujours des devoirs de vacances. Et puis zut après tout, je fais ce que je veux. Je dirais que j’étais malade dans le train et que je ne pouvais pas lire !
Ma voisine lit un petit livre donnant les conseils de dieu pour améliorer sa vie. Une phrase par page… « Le meilleur moyen d’avoir du succès dans la vie, c’est de donner aux autres » avec une explication de texte en bas de page écrite trop petite pour que je la déchiffrasse discrètement. Première fois qu’elle prend cette ligne de train. Je sais juste qu’elle fuit son amant car ce dernier est accouru sur le quai pour lui apporter quelques papiers qu’elle semblait avoir oublié. Annonce du contrôleur et aussitôt elle descend à la porte où je me trouve : « Mais qu’est-ce que tu me veux ? Si je pars c’est pour ne plus te voir ! ». Agréable de se trouver au milieu de leur conversation. « But I love you ! Combien de temps pars-tu ? Vas tu revenir ? » … « Je t’appellerai peut être, si tu arrête justement ce genre de comportement. Maintenant je me casse et je ne veux plus te voir ! ». Heureusement que l’accès dans le train lui était interdit. Il avait déjà réussi à passer le barrage pour se rendre sur le quai ; je suis sûr qu’il était prêt à monter avec nous (enfin, avec elle !) sans bagages… Je n’ose imaginer la scène ! En tout cas maintenant j’espère que son petit livre lui fait du bien. Au moment même où j’écris cette phrase, elle veut me demander quelque chose… je crains un instant qu’elle comprenne le français et quelle vienne de lire ces quelques lignes. Non, elle me demande simplement si elle peut aller sur Internet pour télécharger une chanson qu’elle a oublié de mettre sur son Ipod. Je lui explique gentiment qu’en plein milieu de cette montagne et de cette forêt, il me serait très difficile de trouver une connexion Wifi ! Ah ces américains, toujours aussi surprenants ! Toutefois, je ne me moquerais pas trop car on m’a raconté hier soir qu’avec un téléphone portable on peut aller sur le net avec un très bon débit permettant même les vidéoconférences en rase campagne… alors c’est peut être loin d’être une hérésie.
Les premiers flocons font leur apparition. Nous montons encore et toujours en nous dirigeant droit dans les nuages ! Cette ambiance donne un petit air de Népal… Un message à peine audible nous informe qu’un train est bloqué dans un tunnel un peu plus loin sur notre route. Nous allons devoir attendre que la voie se libère. Espérons que la neige ne se mette pas à tomber plus fort et nous bloque sur place… Vraiment étonnant ce voyage au milieu de nul part. Et dire que nous sommes au cœur des Usa !
Annonces après annonces, notre train peine à prendre de la vitesse. En plus des croisements avec d’autres trains qui prennent du temps, notre convoi reste bloqué pour cause de rochers sur la voie. Il faut attendre près d’une heure et demi avant de repartir. Des wasabis gambadent tranquillement sous nos yeux pendant cette longue attente. On m’avait dit que je verrais des animaux, mais je n’imaginais pas en voir autant ! Des biches et des cerfs surdimensionnés se laissent admirer à chaque virage. On peut apercevoir ici où là quelques aigles à l’allure fière. Je n’ose dire une fois de plus que leur taille est impressionnante !
Nous traversons tranquillement les montagnes enneigées aux rouge roches. Le paysage est vraiment beau ; nous venons de faire la rencontre de la rivière Colorado près de sa source.
Le retard de notre paquebot atteint maintenant les 4 heures. Sur un voyage de plus de 50 heures, on ne chipotera pas ! Ce qui est dommage c’est que la nuit tombe avant la sortie montagnes.
Il est bientôt l’heure d’aller manger avec mes nouveaux amis, nouveaux car depuis Denver il y a eu pas mal de changements de tête ! Ce soir, je mange avec Etna et David qui viennent de faire connaissance. Etna, c’est celle qui lit les guides des paroles de Dieu. Elle a l’air plutôt rigolote. David, lui, est un entrepreneur qui a des magasins consacrés à la vente de panneaux solaires. Il adore voyager en train pour rencontrer des gens et discuter. Bien sympa !
Arrivé à Salt Lake City vers 3h30 au lieu de 23 heures. Pas mal de gens descendent. Je referme l’œil…
6h20 : je devine grâce à la lune que nous sommes en plein désert. Je réalise que je n’ai pas encore changé d’heure pour me caller sur Pacific Time. Je comprends pourquoi il ne fait pas encore jour, pour autant, je n’ai plus sommeil. Je décide de prendre mes affaires pour m’installer comme hier matin dans la voiture lounge. Quelle bonne idée : j’assiste au spectaculaire lever de soleil en plein désert et au bord d’un lac salé. Le train commence ensuite une lente montée qui nous permet de jouir d’une vue panoramique digne des plus grand Western ! Je crois que je suis plus épaté par ce paysage que par celui des montagnes, qui, hormis certains canyons sensationnels, ressemblait pas mal à d’autres montagnes. Les appareils photos se réveillent avec le soleil. Tout le monde admire ce décor naturel et éblouissant. Le contrôleur, puis le barman, passent nous donner quelques infos sur ce merveilleux coin. Finalement on a vraiment de la chance car d’ordinaire le train passe par ici en plein milieu de la nuit ! Une raison de plus pour toujours voir le bon côté des choses…
Nous attendons maintenant la traversée d’une petite ville victime d’un fort tremblement de terre la semaine dernière (6.2 sur l’échelle de Richter : ce fût un choc violent paraît-il). Pendant ce temps nous traversons une région désertique avec des montagnes de chaque côté d’une immense plaine. La neige renforce l’aspect mystérieux du Névada…
Tellement mystérieuse cette région, que je n’ai pas vu passer cette ville qui a tremblé. Je ne devais pas regarder du bon côté ! Maintenant nous sommes au cœur de la région des mines d’or. Le contrôleur endosse sa casquette de guide pour me faire une conférence privée sur cette vallée. Une de ses particularités réside dans le fait que sa géographie ressemble à un bol. L’eau qui descend des montagnes ne retourne jamais à l’océan. Elle stagne dans des lacs salés qui s’évaporent en été. La seule source d’humidité vient de la neige en hiver. La saison estivale semble être particulièrement sèche même s’il y fait froid la nuit, notamment du fait de l’altitude. D’après mon altimètre, le plateau est à environ 1300 mètres et les sommets doivent atteindre les 3 ou 4000 mètres. Nous sommes certainement un peu redescendu car il n’y a plus de neige. Je découvre alors cette végétation qui ressemble à la garigue dans un décor digne des photos que j’ai pu voir de la Mongolie. Je guète pour apercevoir une yourte… on ne sait jamais ! Il semble toutefois plus probable de voir une antilope, mais ça, c’est seulement pour ceux qui ont une grande chance de coq…
Plusieurs arrêts en rase campagne, ou plutôt en ras désert nous font prendre encore plus de retard. 4 heures 20, puis 5 heures… Dans la voiture lounge nous plaisantons pour savoir si nous aurons le droit à une nuit supplémentaire dans le train. Les agents Amtrak sont bien incapables de nous donner des précisions. Il faut attendre le prochain arrêt pour en savoir plus. Plus de 5 heures séparaient Elko de Salt Lake City et maintenant il faut compter plus de 3 heures (hors retards) pour atteindre Winnemucca. C’est alors que nous regardons tous nos horaires et nos montres… petit calcul rapide en tenant compte du changement horaire bien sûr… 6 heures de retard ! Qui dit mieux ? Je crois que nous sommes tous d’accord !
Complètement détendu, je me fous éperdument de l’horaire de notre train. Je me souviens des mes 2 ans de trajets quotidiens à bord du TER Lyon – St Etienne où chaque minute était comptée. J’apprécie d’avoir changé de ligne !
Le paysage qui défile est vraiment surprenant. Rien. Le désert. Tout à coup une voiture, une maison, des vaches, puis de nouveau plus rien. Aujourd’hui à part les futurs burgers (gros bovins noir) pas d’autres animaux au programme. Je n’arrive pourtant pas à me déscotcher de la fenêtre. Je me fais de nouveaux amis. René, prof de danse philippin arrivé aux Usa il y a 4 mois a tenté de vivre dans les rocheuses mais le froid lui a fait reprendre le train vers San Francisco où les températures sont plus supportables. Dur pour ce fumeur d’attendre plusieurs heures entre deux arrêts authentifiés « pause cigarette ».
Je suis surpris par le nombre de personnes âgées à bord. Je pense que mon dicton n’est pas valable ici (Les voyages forment la jeunesse … et déforment la vieillesse !). J’échange quelques mots avec une américaine et sa maman âgée. Je leur prête mon guide et ma carte des Etats-Unis. Nous devenons aussitôt amis. Elles restent également tout l’après midi devant la fenêtre et semblent apprécier ces montagnes. Oui, tiens, nous avons repris de l’altitude. La neige refait son apparition. Encore un changement de décor !
Nous arrivons enfin à Reno avec nos 6 bonnes heures de décalage horaire. Plein de monde sur le quai. Le train qui commençait à devenir aussi désertique que le paysage que l’on traverse va donc de nouveau faire le plein. Des nouvelles têtes. Ces gens viennent d’une station de sports d’hiver où l’on trouve beaucoup de Casino (nous sommes encore au Nevada où les jeux d’argent sont autorisés, ce qui n’est pas le cas ailleurs).
Mon ami pompier termine son voyage ici. Il débutera dans quelques jours une nouvelle saison de 9 mois au service du gouvernement fédéral pour éteindre les feux un peu partout, voire même pour intervenir sur toute autre sorte de désastre si nécessaire. Il vient de se marier. Sa femme le rejoindra dans plusieurs semaines. En fin de saison ils repartiront vers l’Est pour les 3 mois sans activité. En véritable expert, il m’a fait un cours à l’aide de sa carte bien détaillée sur les forêts du Nevada et de Californie. Bien entendu, ce sont les plus grandes…
Redémarrage de notre navire. Nous constatons qu’un guide volontaire du parc national est monté à bord afin de nous faire partager tout son savoir au sujet des choses qui nous entourent. Ca ne durera pas trop longtemps car la nuit va bientôt tomber. Pour notre plus grand bonheur car nous avons droit à un coucher de soleil extraordinaire entre sommets enneigés, sapins et petite rivière montagnarde… un vrai délice !
David (vous vous souvenez, j’ai mangé avec lui hier soir !) et moi bavardons beaucoup depuis ce matin. Il est parti un moment jouer aux cartes avec Etna qui cherchait à tout prix un partenaire. Merci car elle ne me lâchait plus ! Devant ce fabuleux spectacle que nous offre le soleil avant de tirer sa révérence, il tient à m’offrir une bière. Nous parlons un peu plus en détail de son activité. C’est très intéressant. Il ouvre des boutiques pour vendre toutes sortes de produits liés à l’énergie solaire. Ca marche fort car il compte actuellement 19 magasins et il a une dizaine de rendez-vous la semaine prochaine pour en ouvrir d’autres. Tout le monde l’appelle. Tout simple, il ne semble pas courir après l’argent. Il a trouvé un bon créneau et il semble heureux de contribuer à « sauver la planète » ! Par la plus grande des coïncidences, je viens de regarder le reportage d’Al Gore sur la planète en danger. C’est vraiment étrange car pendant que je regardais ce film, je ne cessais d’avoir un œil tourné vers l’extérieur et je voyais défiler un désert bien sec. Peu après arrive cette discussion sur l’énergie solaire. Nous constatons au même moment que de nombreuses maisons sont équipées de panneaux solaires dans la petite station que l’on traverse… Bon signe pour son business ! Il faut savoir que la plupart des états ainsi que le gouvernement fédéral proposent des réductions d’impôts à ceux qui se lancent dans le solaire. Rien de tel que des dollars pour faire changer les comportements.
Et pourquoi pas une telle boutique en France ? Je ne connais pas ce secteur, mais je ne pense pas que l’on puisse trouver l’équivalent : un magasin qui propose des équipements pour le chaud, le froid, la conservation, les recharges des téléphones portables, les capteurs solaires portatifs, sur sac à dos… etc… ! Il me note son adresse mail ainsi que l’adresse de son site pour que j’aille y faire un tour. Il est très intéressé par toute personne qui voudrait sérieusement se lancer dans l’aventure en France. A vous de jouer !
Le cycle du soleil rythme la vie à l’intérieur de notre « Superliner ». La nuit a rapidement fait retourner tout le monde à sa place. Nous faisons de même pour nous reposer un peu après tant d’heures de contemplation et de bavardages !
Colfax. On nous informe clairement que seules les personnes descendant à cet arrêt peuvent s’approcher des portes… ok, je reste assis ! « Porte numéro 5 pour les voitures-cabines situées à l’avant. Numéro 11 pour les « coach ». Le train stoppe alors qu’on ne semble pas être dans une gare. On repart vite pour s’arrêter quelques dizaines de mètre plus loin. C’est là que je comprends tout : il n’y a pas de quai ; ils font descendre les gens à côté de la barrière d’un passage à niveau ! Pire que l’Inde ce coup là ! Sauf que là-bas, dès que le train ralenti, les gens sautent d’un peu partout là où ça les arrange… au moins, c’est pratique !
8:12 Mon voyage va se terminer dans 3 heures. Enfin, la charmante nouvelle « agente » de bord nous a bien fait savoir que c’était une prévision et non une promesse – Rires dans le wagon !
Je sens que je vais avoir du mal à quitter ce train, véritable lieu de vie pendant plus de 2 jours. Malgré le fait que je rêve d’un lit pour tout simplement m’allonger à plat sans me bloquer soit la nuque, soit les jambes, soit les deux à la fois… je me sens bien à bord ! Les têtes autour de moi ont beaucoup changé, mais j’échange encore de nombreux sourires et des petites phrases avec des voisins. Pas les nouveaux. Ceux qui sont montés à Reno ne sont pas dans la même dynamique. Il faut les comprendre, ils ont poireauté 6 heures avant que le train arrive et peu de temps après qu’ils embarquassent, la nuit est tombée ! Ils n’avaient qu’à partir de Chicago après tout…
Je commence à rassembler mes affaires et à faire mon petit ménage. Plus besoin de mes tatanes marocaines. Je vais mettre mes chaussures maintenant. Quant à mon livre de leçons d’anglais, il sera tout de même mieux au fond du sac. J’ai mieux à lire pour l’instant : San Francisco, TOP 10… et l’aventure continue !
--- bientôt sur vos écrans, les dernières minutes du voyage, les premières images de la ville, et toujours la miss Etna !
1 commentaire:
These train entries have put me in a daydreaming mood! Thanks for taking a few moments away from the scenery to share your adventure. I look forward to the next chapters. Have a great time in SFO!!! We miss you here in Brooklyn!
-Carrie
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